La Grotte de la Goule-aux-Fées

Le patrimoine : À Dinard, le long du chemin de côte, une grotte naturelle creusée dans la falaise.

Le territoire : Ille-et-Vilaine, Dinard – Corniche de la Goule-aux-Fées, 35800

L’habitante qui vous en parle : Servane, 22 ans, étudiante en archéologie égyptienne

L’histoire de Servane

« Cette grotte, c’est la grotte de la Goule-aux-Fées. Ce nom m’a toujours intriguée. La goule évoquait un monstre hideux des cimetières ; les fées, de petits êtres papillonnants de lumière. C’est la superposition de ces deux images a priori incompatibles qui rendait le lieu attirant.

Je passais souvent devant cette grotte, enfant. On marchait sur le sentier de côte avec ma grand-mère, l’hiver. Elle m’apprenait à reconnaître l’odeur des renards et la forme des terriers. La grotte surgissait, au détour d’une falaise. Grande. Sombre. Mon père me racontait qu’un dragon y sommeillait, et je frissonnais sans trop savoir si je pouvais le croire. Je déchiffrais toujours cette plaque de marbre apposée sur la roche : elle dit que les Frères Lumières ont mené des expériences photographiques dans la grotte de la Goule-aux-Fées. L’obscurité qui pour moi était le royaume de monstres avait été pour eux une condition essentielle au progrès scientifique ! J’en étais fière – et un peu rassurée.

À marée basse, on peut descendre au pied de la grotte. Il faut pour y accéder sauter de pierre en pierre, dans un paysage d’éboulements. Cela me rappelait toujours le paysage fracassé de la Chambre des Secrets souterraine d’Harry Potter – et soudain, le dragon de la grotte se transformait en un basilic géant. Mais la marée haute venait engloutir ce paysage, effacer les mirages, et des vagues bien réelles s’engouffraient dans le repère des monstres. J’ai grandi avec ce sentiment de respect mêlé de crainte pour l’endroit, sans jamais oser m’aventurer dans ses profondeurs.

Récemment, j’y ai amené mes amis, et je m’y suis engouffrée pour la première fois. J’ai vu l’obscurité tant fantasmée, celle des fées et celle des Frères Lumières. Le boyau rétrécissait progressivement, jusqu’à un lit de sable, tout rond, tout doux. Mes amis semblaient déçus. Moi, j’ai pensé que c’était l’endroit parfait pour qu’un dragon s’y love. »

– Servane

Servane en haut de la falaise (adulte) et devant l’entrée de la grotte, à marée basse (enfant)