« Quand j’étais enfant, je n’aimais pas trop l’histoire. À l’école, je ne comprenais pas pourquoi Louis XII n’était pas suivi de Louis XIII mais de François Ier. Ce n’est que plus tard que je m’y suis intéressé – et j’ai trouvé l’histoire de la région fascinante.

Je ne suis pas natif du village, mais j’y suis arrivé à titre professionnel et j’y suis resté. Il y avait autrefois un château médiéval au centre du bourg, construit au 14ème siècle. La région faisait alors partie du Saint-Empire-Romain-Germanique, et était contrôlée par le Comte de Savoie. Le royaume de France y faisait souvent des incursions, et une famille dont j’ai écrit l’histoire, les Thoire-Villars, vassale des Savoyards, y résistait. C’est l’un des derniers de cette famille qui bâti le château, en 1370. Il fut ensuite racheté par le duc de Bourbon, qui réussit à créer ici, à l’ouest du Saint-Empire, une principauté indépendante – sur laquelle François Ier mis rapidement la main. Aujourd’hui le château-fort a disparu mais il en reste de beaux vestiges : un donjon et trois tours. Le donjon est visible de loin ; à son sommet, on a une belle vue, à 360 degrés, sur la Dombes et les environs.

Ce donjon est particulier car il est fait de brique rouge – ce qui est caractéristique des constructions de la Dombes. Si l’est du département est une région montagneuse, avec des carrières, et des châteaux en pierres, ici, à l’ouest, c’est la terre argileuse déposée par un ancien glacier qui est devenu le matériau de prédilection. Ainsi, les maisons sont en terre (le pisé) et les châteaux en brique (les carrons). Ces briques étaient fabriquées sur place, tout près de chez nous, dans des lieux dits ‘carronières’. C’est un matériau qui perdure, et les vestiges sont encore là aujourd’hui. Puisque les briques étaient fabriquées manuellement et cuites à différents degrés, les murs et les tours du château présentent un camaïeu de rouge, du très clair au rouge foncé. Je trouve ça très intéressant, car c’est une trace du savoir-faire des gens. »

(Ambérieux-en-Dombes, Ain, 01)