
« Cette chapelle appartenait à un ancien convent franciscain. Je lui trouve un charme fou, dans son cadre de verdure, sur un promontoire dominant la rivière. Je passais souvent près de la chapelle quand j’étais gamin. On en parlait parfois en famille, car nos ancêtres étaient inhumés dans le cimetière ; mais le plus souvent, mon entourage n’en parlait que de façon défavorable, alors je ne m’y intéressais pas. Je travaillais comme paramédical. Plus tard, j’ai pris ma retraite, et je me suis dit que je n’allais pas la passer derrière ma tasse de thé. J’ai fondé une association pour faire revivre un patrimoine immatériel, des us et coutumes, des habitudes. On organisait des dictées en patois ; c’était amusant comme tout. Un beau jour, un nouvel arrivant au village, très cultivé, a racheté la chapelle. Il trouvait dommage de la négliger, et voulait des financements pour la restaurer ; mais la commune était peu motivée, et ça s’est arrêté là. Quelques années plus tard, la toiture de la chapelle s’est effondrée. Ça a forcé la mairie à investir, pour sécuriser les lieux. Le maire est venu me voir – je le connaissais bien, c’était l’ancien médecin du village. Il m’a confié qu’il était ennuyé : la chapelle était à l’abandon, envahie par les broussailles et les ronces, et il craignait que les villageois ne crient au gaspillage de leurs sous. J’ai accepté de l’aider, avec l’association, à faire de la chapelle un endroit joli et propre. C’était un chouette projet : on était une bande de copains, on passait la tondeuse pendant que les dames fleurissaient les alentours. Notre enthousiasme a même motivé la municipalité pour acquérir le reste du couvent. C’est comme ça que la passion est finalement née : ça n’était ni une vocation ni même un choix délibéré, juste la conséquence des événements. Comme quoi, l’appétit vient en mangeant ! »
(Châteauneuf-de-Galaure, Drôme, 26)


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