« La ville a perdu beaucoup de son histoire, et je trouve ça dramatique. Sur le plateau où j’ai vécu, tout a été rasé. Les écoles où je suis allée ont disparu. L’école Pasteur fut préservée – et c’est un édifice que je trouve intéressant. Je n’y suis pas allée, mais mes enfants si. Ce que j’aime d’abord, c’est qu’elle est architecturalement très belle. Elle fut bâtie en 1934, sur un lieu où il n’y avait rien, seulement des champs. Son architecte était un élève de Tony Garnier, du mouvement Art Déco ; on retrouve dans l’école l’influence de ce mouvement. L’une de ses façades, qui donne sur la cour, est simple, épurée ; l’autre est décorée de colonnes qui rappellent la Grèce antique. Au milieu, une rotonde sert de préau pour les élèves. À l’époque, l’école fut pensée comme un palais idéal de la laïcité et de l’instruction. Elle était très en avance sur son temps : elle offrait aux élèves le chauffage central et des douches. Aujourd’hui, on se dit que c’est évident : mais c’était alors très rare dans les foyers. L’école avait aussi un jardin d’expérimentation de cultures, pour donner aux élèves le goût de cultiver les légumes en circuit court. Cela revient au goût du jour aujourd’hui : mais on n’a rien inventé ! Dans cette école, tout fut pensé pour le bien-être de l’élève ; et je trouve cela avant-gardiste. Alors que les enfants devaient aider à la maison et travailler aux champs, cette école leur offrait un confort qu’ils ne pouvaient trouver à la maison. Le maire de l’époque dut se battre pour obtenir le budget pour la construire – un gros budget pour une petite commune ! Mais il avait une vraie conviction, et est parvenu à aller au bout de celle-ci. Je trouve ça admirable, ces gens qui se battent pour l’éducation, et pour les élèves. Aujourd’hui mes enfants sont fiers d’y être des écoliers. Cette école est belle quand on la regarde, et son histoire est belle.»

(Vénissieux, Rhône, 69)

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