« C’est d’abord un édifice très joli. C’est une église ancienne, romane, qui contraste avec le gothique flamboyant de la basilique voisine. À l’intérieur, certains bancs ont au moins 200 ans ; à l’époque, ils étaient décernés à certaines familles, dont la mienne, une ancienne famille du village. L’église se voit de très loin, de tous les secteurs du village, car elle est bâtie sur un mont qui domine les alentours ; le site est vraiment beau. Depuis le parvis, on aperçoit tout le paysage, les villages des environs, et, sur le mont d’en face, la basilique voisine apparaît dans la perspective. C’est féérique ! Les amis qui me rendent visite disent toujours leur admiration. J’aime aussi cette église parce qu’elle est le point de départ d’un chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle. Pourtant, lorsqu’on parle du Chemin, on ne parle toujours que de la ville voisine et de sa basilique, et ça me chagrine beaucoup. Sa notoriété étouffe notre petit village, bâti au pied de la colline où elle se situe. Pourtant, le véritable départ du pèlerinage se situait à notre église ; elle contient d’ailleurs un buste de Saint-Jacques et, dans la rue où habite mon beau-père, rue de l’Église, on trouve encore des coquilles ! Je connais cette église depuis que je suis petit. Elle fut le lieu de tous les mariages et, plus tard, des enterrements ; pour moi, elle représente quelque chose au sein du village, parce que tous la côtoient à un moment de leur vie. Mais elle est abîmée. Il ne manque pas grand-chose pour la rafraîchir, et il faudrait prendre enfin le taureau par les cornes. En Corse, où je vais souvent, je trouve les églises phénoménales, avec leurs peintures restaurées et leurs structures entretenues, même pour de vieilles églises comme la mienne. Les Corses ont un savoir-vivre énorme ; on aurait envie d’entrer dans leurs églises en chaussons. C’est ça que je souhaite pour la mienne : lui redonner un air de fête ! »
(Asquins, Yonne, 89)


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