
« Depuis mon enfance, j’ai toujours vu ce lavoir. Ma grand-mère y lavait son linge. Moi-même, étant agriculteur, je passais tous les jours devant pour rejoindre l’exploitation familiale qui se trouve juste à côté. C’est un lavoir construit par ajouts progressifs, entre le 17ème et le 20ème siècles, en ce qu’on appelle des pierres blanches ; autrefois, tandis que le village voisin produisait des pierres roses, il y avait dans notre village des carrières de pierres blanches. Le village rassemblait de nombreux tailleurs de pierres et compagnons ; leurs ouvrages étaient utilisés jusque dans la ville voisine de Tournus, et même dans certains bâtiments de Lyon ! Aujourd’hui, on aperçoit encore parfois des signes compagnonniques gravés sur certaines maisons et dans le cimetière du village. Les compagnons avaient une façon particulière d’assembler les pierres, et elle a marqué l’architecture de ce lavoir de son empreinte unique. Le lavoir possède un grand bassin en pierre, que je trouve beau, avec une toiture voûtée, ce qui est très rare. Cependant, alors que je passais tous les jours devant, je voyais les ronces et le lierre qui l’envahissait jusqu’à le couvrir. Notre village, comme tous les villages, possède son église, son lavoir, sa croix et son four à pain, et je trouvais ça dommage de laisser tomber en ruine ce petit patrimoine qui le caractérise. Alors j’ai décidé d’agir, avec d’autres habitants – et nous avons restauré le lavoir nous-mêmes ; nous avons brossé les tuiles, fait la maçonnerie et rétablit la toiture. Ce projet, concret et avec du bon sens, a reçu un bel écho autour de nous. Aujourd’hui le lavoir est un lieu important pour le cadre de vie local : situé au bord d’une route, c’est là que l’on se promène ; c’est aussi un lieu où on vit, où on joue, et où on apprend à se connaître. Ce lavoir, c’est un petit patrimoine, et c’est une aventure humaine ! »
(Lacrost, Saône-et-Loire, 71)


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