





La chapelle Saint-Félix
Le patrimoine : Une chapelle de pierre, détruite plusieurs fois et reconstruite en 1843, dédiée aux enfants maltraités dans le monde.
Le territoire : Les bois de Merry-la-Vallée (89110), Yonne
L’habitante qui vous en parle : Marie, 30 ans, co-fondatrice d’Alma Heritage
L’histoire de Marie
« C’est un endroit qu’on ne peut trouver à moins de le connaître. Les voitures n’y accèdent pas : depuis la route, il faut s’enfoncer, parés de bottes, sur les chemins boueux de la forêt. Soudain, dans les bois noirs une clairière s’ouvre, remplie de lumière, avec une minuscule chapelle posée tel un bijou dans un écrin de verdure. Elle semble sortir d’un conte de fées, cette chapelle dessinée sur son lit d’herbes, avec sa grande porte, ses petites fenêtres, sa tourelle, et ses murs de pierre où le soleil à travers les feuilles fait naître des vagues. On tombe alors immédiatement sous son charme.
Puis on pousse la porte – et là tout change. La chapelle fut bâtie au nom de Félix, un enfant du village martyrisé par des barbares. Elle est dédiée aux enfants maltraités, un sujet lourd, dans un espace au poids très fort. Sur le mur est une peinture sombre, dans la tradition des peintures murales de Puisaye, dans des couleurs ocres typiques de la région. Elle représente l’enfant martyre surplombant des corps décharnés sombrant dans un abysse rouge. Captivante et triste, elle me rappelle les danses macabres visibles dans les églises de la région. Sur le petit autel sont posés des papiers ; des mots et des lettres écrits à des enfants aimés et disparus. C’est assez étonnant, la première fois – et puis on comprend. C’est un lieu qui renferme beaucoup de peine et de souvenirs douloureux, auxquels les gens s’accrochent dans le souvenir d’enfants qu’ils ont connus. Ces simples morceaux de papier rendent cette chapelle singulièrement différente des églises classiques, en plongeant le visiteur dans un sentiment de tristesse qui fait presque partie de l’expérience, du contraste du lieu.
Régulièrement, des balades partent du village, comme de petits pèlerinages vers la chapelle. Tout le monde s’y rassemble, autour d’un café chaud, pour prier et se recueillir. Je trouve ça très beau, que cette chapelle perdue dans les bois de Puisaye crée des liens entre les habitants ; et qu’il y ait, au fond des bois obscurs, quelque chose de mystérieux et de rassembleur. »

– Marie

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