Marylène avec une image de la gare prise par drone (Copyright : Bagalad – Les humains du patrimoine)

« J’aime l’effet de surprise. Sur la route, au virage, dans la descente, on tombe nez à nez avec la gare. Impressionnante, magnifique, elle jaillit du décor. La couleur attrape l’œil, avec cette pierre de grès rose et jaune. La taille surprend, cette immense gare nichée dans un écrin de verdure, trop vaste pour une petite ville. La toiture séduit, avec ses motifs géométriques Art Déco. On est intrigué par cette architecture atypique, faite de mosaïques, de marbrures, de cheminées, et de tuiles vernissées dont les couleurs changent selon la lumière. Tous ces éléments racontent que ça n’est pas là une gare traditionnelle. Elle fut ouverte en 1931, par la Compagnie du Paris-Orléans. Par l’architecture, la taille et le choix des matériaux, c’était un projet ambitieux. Elle marqua l’histoire de cette ville, la desserte ferroviaire étant essentielle au développement du thermalisme. Mais elle fut éphémère ; avec la fermeture de la ligne, la gare fut utilisée par les associations, accueillant un aquarium tropical, une salle de yoga, ou encore, un local de pétanque. Elle continuait ainsi de jouer un rôle, différemment, auprès de la ville et de ses habitants : c’est comme ça, aussi, qu’on fait vivre le patrimoine ! Aujourd’hui, la gare est devenue un espace socio-culturel. J’aime son extension moderne ; loin de la dénaturer, je trouve qu’elle lui permet de vivre, sous une forme nouvelle. Les habitants sont très attachés à la gare ; tous y ont des souvenirs. Les anciens se souviennent des trains, d’autres des associations, d’autres encore des débats liés à l’extension. Moi, j’y suis guide, et chaque visiteur, en réagissant différemment, en appréciant des détails uniques, me fait regarder la gare sous un angle nouveau. Certains y trouvent un attachement à leur région, tels les Bourguignons qui reconnaissent les tuiles vernissées. Je participe aussi à l’organisation d’expositions ; pour moi, les œuvres d’art projettent de nouveaux éclairages sur les espaces de la gare. C’est un lieu que je ne cesse de redécouvrir, chaque fois que je m’y rends. »

– Marylène, 40 ans, responsable culturelle

Le Pavillon du Lac, Avenue Marx Dormoy, 03310 Néris-les-Bains, Allier
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