« On n’habite pas ici par accident ; ces murs sont particuliers, on le sent. C’est en 1865, sous Napoléon III, que Royat vit naître ce Grand Hôtel qui devint, en 1912, un palace. J’y suis arrivé il y a quelques années, par hasard, pour une visite d’appartement. Dubitatif au départ, rapidement charmé par le lieu, j’ai décidé d’employer mes compétences d’historien pour le comprendre. En me plongeant dans les archives, les journaux, les guides touristiques et les salles d’enchères, j’ai entrepris d’écrire l’histoire de l’hôtel. Petit à petit, s’est dessinée l’image d’un endroit extravagant, où la petite histoire se mêlait à la grande. Extravagant par ses volumes, immenses dans cette petite ville. Extravagant par son architecture, d’un style Louis XIII très rare dans la région et imaginée par de grands architectes parisiens primés aux Expositions Universelles. Extravagant, aussi, car il était à la pointe de son temps : il offrait l’eau courante, la ligne téléphonique vers Paris, et obtint l’éclairage électrique avant le Grand Hôtel du quartier de l’Opéra de Paris, l’ascenseur hydraulique avant la Tour Eiffel… Il était le premier partout, rivalisant, depuis Royat, avec les plus luxueux palaces de la Riviera. Artistes, financiers, lettrés, tous y séjournaient. En marge des vacances ou des cures thermales, on y négociait les rentrées politiques ou celles des théâtres parisiens. Fermé après le second conflit mondial, le Grand Hôtel fut transformé en appartements. Le mien : sans doute un ancien salon de billard, reconverti en Suite avec vaste chambre et salon d’apparat. Après cinq ans de recherches, j’ai souhaité écrire un livre, mais l’histoire, surtout pour un historien, ne finit jamais de s’écrire… Alors je l’ai transformé en dossier de candidature qui, en mai dernier, a porté ses fruits : le Grand Hôtel est inscrit aux Monuments Historiques ! Cette joie, je la partage aujourd’hui avec mes voisins. Aux fêtes de Noël, dans le grand hall de l’hôtel, je leur parle de ce lieu où nous avons tous choisi de vivre. Ensemble, nous formons une communauté. C’est un groupe solidaire, d’échange, d’entraide et de partage ; une petite famille. Comme si l’hôtellerie ancienne inspirait, en écho, l’hospitalité moderne. »
– Johan, 38 ans, historien
| Le Grand Hôtel et Majestic Palace, 1 boulevard Bazin, 63 400 Chamalières, Puy-de-Dôme |
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