« Si certains la voient comme un monument religieux, elle est pour moi un patrimoine thermal. Cette statue de la Vierge fut érigée pendant l’époque thermale, par un géologue, Jean-Pierre Alibert. Tombé malade dans les mines de graphite de Sibérie orientale, il se mit à prier la Vierge, avant de sillonner les stations thermales d’Auvergne en quête d’une eau dont les vertus naturelles l’apaiseraient. C’est ici, à Châteauneuf, qu’il la trouva, en 1871. En signe de gratitude, il éleva une Vierge sur un promontoire rocheux de la station. Avec ses carreaux de ciment, ses ferronneries et sa boulonnerie, c’est un monument typique de la Belle-Époque, marquée par le travail du métal. La Vierge est d’ailleurs faite de bronze ; elle fut peinte d’un bleu pastel afin d’éviter que les Allemands ne la fondent en munitions. C’est grâce à ce géologue que Châteauneuf-les-Bains s’est développée, quand les autres stations thermales de la région bénéficiaient du chemin de fer, qui n’arrivait pas jusqu’ici. Sa maison, dotée d’un solarium, était reliée au piton rocheux par une passerelle, dont on discerne ici et là les ruines. La commune compte peu de patrimoine bâti. La majorité des monuments thermaux furent détruits dans les années 1970, avec le désenchantement pour la cure et l’effondrement du thermalisme. En 1900, Châteauneuf-les-Bains comptait 1000 habitants pour 2000 curistes : aujourd’hui, elle en compte 300. On l’appelle parfois ‘la Belle Endormie’. Néanmoins, l’absence des monuments thermaux fait ressortir par contraste les petits patrimoines – sources naturelles, grottes, chapelles, ainsi que cette Vierge. Aujourd’hui, elle est un patrimoine emblématique de Châteauneuf-les-Bains. Dressée sur son piton, la Vierge surplombe les méandres de la rivière et les paysages environnants. Les habitants de la région aiment s’y rendre, en balade ou en pèlerinage, pour s’y recueillir ou s’y reposer. Une ribambelle de plaques de remerciement l’entoure. De l’enfance, j’y ai des souvenirs de promenades avec ma mère, et j’y monte encore, tous les mois, pour la faire découvrir à d’autres. Dans ce havre de paix, on contemple le paysage, au son de la rivière et des oiseaux. »

– Marie-Pierre, 35 ans, animatrice

Le Pic Alibert, 17 Le Moulin de la Chaux, 63390 Châteauneuf-les-Bains, Puy-de-Dôme
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