Le casino Chardon

Le patrimoine : l’un des anciens casinos de la Bourboule

Le territoire : 33 Quai Marechal Fayolle, 63150 La Bourboule, Puy-de-Dôme

L’habitant qui vous en parle : Xavier, 59 ans, architecte

L’histoire de Xavier

« Petit, je vivais avec les enfants de la cure. Encadrés par des animateurs, ils séjournaient à la Bourboule pour se soigner dans ses eaux thermales. Tandis que mes parents s’occupaient des enfants, j’avais intégré leur groupe, et je passais mes journées à jouer avec eux. Plus tard, au lycée, je devins moi-même animateur. Car la Bourboule était une ville d’enfants. Elle était plongée dans une atmosphère de maisons d’enfants, de vacances, de fête et de joie. Partout, on faisait la fête, dans les bars, la piscine et les cinémas, de la vie, tout le temps ! D’où cette importance des casinos, protagonistes clés de la fête.

Dans les années 1880, la Bourboule possédait deux casinos, dont un en bois. Les années 1890 virent apparaître deux autres casinos : celui des Thermes, devenu la mairie, et le Casino Chardon. La Bourboule comptait alors quatre casinos, c’est invraisemblable ! Jusque dans leur architecture, les architectes s’amusaient : on les dotait de coupoles, de pagodes japonaises, de chapiteaux ; de mosaïques, de caryatides, de stucs. Le Casino Chardon illustre cet esprit-là, où l’on mélangeait les genres comme on faisait la fête. La Bourboule est extraordinaire pour quelqu’un qui s’intéresse à l’architecture ; c’est une ville champignon, construite en quarante ans, avec un côté Far West. Les casinos étaient indissociables de la ville thermale : ils allaient de pair avec les théâtres, les cinémas, les parcs, le tramway électrique, le funiculaire, les grands hôtels, l’hippodrome. Tout, dans l’architecture de la ville, était organisé autour du plaisir des curistes, de la détente, de la joie ; partout, on se montrait, on s’amusait.

Enfant, nous habitions au-dessus de la vallée, dans cette maison jaune parmi les arbres qu’on aperçoit du Casino Chardon. Depuis la terrasse, on observait toute la ville. J’en garde un souvenir particulier – ne le prenez pas comme de la prétention, simplement comme un rêve : j’avais sept ans, je me tenais là-haut, au-dessus de la ville, et je me suis dit, « quand tu seras grand, tu seras architecte ». Car comment voulez-vous ne pas étudier l’urbanisme quand vous habitez là ? Cela me paraissait une évidence absolue, et tout contraire aurait été incohérent, impossible, inimaginable ! »

– Xavier

Xavier à l’extérieur du casino Chardon (copyright : Bagalad).