“J’ai été attiré ici par un coup de cœur pour le massif du Sancy et pour Le Mont-Dore, avec sa personnalité de ville thermale et station de ski. J’avais aussi une sensibilité pour le patrimoine, un aspect peu valorisé ici. L’Auvergne a ce potentiel : une région où tout n’a pas encore été transformé, qui offre des pépites brutes en termes de patrimoine, la possibilité de faire de belles choses. Lorsque j’ai acquis la boutique, elle était fermée depuis dix-sept ans. Il y a un siècle, c’était le salon première classe du palace Le Sarciron. Bâti en 1907, c’était un trésor de l’Art Nouveau. Ici, dans ce salon, dînaient les célébrités en cure aux thermes du Mont-Dore, dont Proust, Gide et Piaf. C’est dans cet esprit que j’ai créé cette boutique, à la fois salon de thé et épicerie fine. Je souhaitais en faire un lieu d’art de vivre, en résonnance avec la Belle-Époque, quand la vie dans les villes thermales était dédiée aux dépenses de plaisir. En écho à ce passé, je propose des produits premiums d’artisans français dont certains arborent le label entreprises du patrimoine vivant. Je joue sur l’esprit de l’échoppe d’antan, avec des confiseries sous cloche. Cela me correspond : j’aime vendre de bons produits dans un environnement de qualité. Le lieu est essentiel pour moi. Passionné de décoration, de réaménagement, j’aime la recherche des matériaux, des meubles, des styles. Sous les couches superposées à travers le temps, j’ai retrouvé le parquet « point de Hongrie » d’origine du palace. J’ai chiné des banquettes modèle Bagatelle en vogue à la Belle-Époque. Pour retrouver les plans de la façade, j’ai mené de longues recherches. En accord avec les Monuments Historiques, j’ai choisi de lui redonner des tons Art Nouveau, tout en conservant les motifs dessinés dans les années 1970. Car un lieu évolue dans le temps : pourquoi devrait-on se baser sur une époque unique pour le restaurer ? Je trouve que cela a du sens, de faire revivre un lieu sous une forme différente, car nous ne sommes que des passeurs. Perpétuer l’esprit d’avant, le remettre au goût du jour, l’ouvrir au public et, l’important : raconter une histoire. »

– Aurélien, 43 ans, commerçant

Le Sarciron, 7 Place du Panthéon, 63240 Mont-Dore, Puy-de-Dôme
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