L’Hippodrome de Douai, Nord

L’histoire de Corine

« Je suis arrivée dans une petite ville près de Douai quand j’avais 7 ans. Ma sœur et moi étions dans une sorte de cocon, avec peu d’ouverture sur le monde extérieur.

Quand j’avais 10 ans, ma sœur était au lycée, en option cinéma, et elle m’emmenait parfois à l’Hippodrome. Cet ancien cirque d’hiver, aujourd’hui scène nationale, possède aussi une salle de cinéma d’art et d’essai. C’est ainsi que je suis arrivée dans ce lieu : par le cinéma. Pour moi, l’Hippodrome s’est vite transformé en un lieu de découverte, de liberté, voire d’émancipation – en pleine adolescence… Quand on est jeune et qu’on habite dans le Bassin Minier, ces lieux sont importants. Et lorsque, plus tard, j’y suis retournée voir du théâtre, ce lieu a définitivement forgé une grande partie de mon identité actuelle.

Je me souviens du jour où le théâtre est devenu essentiel dans ma vie. Jusque-là, j’étais plutôt portée sur la littérature – et c’est sûrement ce qui m’a poussé à aller voir une pièce de Corneille à l’Hippodrome de Douai. Il s’agissait de Nicomède, mis en scène par Brigitte Jaques-Wajeman. Ce spectacle m’a bousculée ! Non seulement la disposition du plateau était originale (le public se trouvait tout autour de la scène d’un banquet) mais le texte, quoique fidèle à 100% à Corneille, cassait les codes pompeux du classicisme. J’ai compris qu’on pouvait vivre de grandes émotions au théâtre, et que j’aurais désormais beaucoup de mal à m’en défaire.

Aujourd’hui, je vais beaucoup au théâtre. On peut dire que l’Hippodrome est le lieu qui a initié ma passion. J’y retourne peu, aujourd’hui, car j’habite maintenant à Lille. Mais c’est un lieu qui a marqué mon adolescence. Au lycée à Douai, puis en classe préparatoire littéraire, c’était un incontournable. Il y a parfois des spectacles un peu perchés ; une fois, je me souviens, j’ai même failli partir ! La mise en scène était perturbante, provocatrice, je n’ai pas aimé. Mais il y a souvent de belles découvertes. Le théâtre n’est pas si différent des autres divertissements culturels : il faut tenter sa chance, oser, persévérer. Parfois, on tombe sur quelque chose qui ne nous parle pas, et parfois c’est le coup de cœur ! »