La médiathèque de Chambon, Creuse

L’histoire de Laurence

« Étudiante, j’ai visité par hasard cette ville que je ne connaissais pas. Je suis restée estomaquée par la médiathèque de Chambon, ce bâtiment massif et imposant que j’ai trouvé magnifique. A l’époque, j’ignorais que j’aurais un jour la chance d’y travailler !

Après une passion première pour la danse, j’ai toujours su que je souhaitais travailler avec les livres. Une médiathèque est pour moi formidable car elle offre un service gratuit, ouvert à tous, tandis que l’universalisme des sujets abordés par les livres – science, histoire, esthétique, arts… – invite à aborder toutes les thématiques. J’aime les livres, la littérature japonaise notamment, avec ces récits oniriques et poétiques qui nous perdent à la frontière entre fantastique et réalité. La médiathèque de Chambon est la première et la seule médiathèque dans laquelle j’ai travaillé, et je l’aime énormément.

Ce que j’adore ici, c’est cette corrélation entre une façade historique et patrimoniale, et des espaces ancrés dans la société. Comme à l’époque où elle était une école, la médiathèque continue d’être un lieu de savoir et de transmission, mais de façon vivante et contemporaine : tout en lisant, on peut parler, écouter de la musique, boire un café. Les enfants posent leurs chaussures à l’entrée et courent en chaussettes entre les rayonnages. Mon métier, c’est de rendre le lieu vivant, de continuer à raconter son histoire. De parler de livres dans des vidéos, de raconter des histoires par mail. J’ai de la chance, d’avoir un métier polyvalent et, jusque dans le mobilier et le design, je trouve l’alliance du patrimoine et du contemporain magnifique.

Au-delà de la lecture, la médiathèque de Chambon est à mes yeux un lieu d’exercice de sa citoyenneté. Parmi les livres, on peut y rencontrer un conseiller numérique, y pratiquer la gymnastique, y participer à des petits déjeuners littéraires ou à des ateliers créatifs, tandis que les associations locales y organisent leurs assemblées générales. J’ai appris que, dans les années 1960, les habitants dansaient au bal ici, et je rêve qu’on puisse le reproduire un jour ! C’est un lieu ouvert, ancré dans la ville, où les curieux entrent, simplement, pour poser leurs questions ; c’est un patrimoine qui, à travers les générations, est au service des habitants – et c’est une idée que j’aime beaucoup.

L’été, les fenêtres sont ouvertes et tous les bruits de la ville affluent dans la médiathèque – les chants des oiseaux, les clients du producteur de légumes, les jeux des enfants à la récréation. La médiathèque est un lieu refuge et ressource qui, tout en respectant l’idée de départ, vit avec son temps. »