« J’admire cette machine très ancienne qui fonctionne toujours. »
Agnès






Le Moulin de Bassilour
Le patrimoine : Le Moulin de Bassilour est un moulin à eau à roues horizontales. Il daterait de 1741 d’après le linteau au-dessus de la porte d’entrée. Dès sa construction, il sert à moudre le blé, voire le maïs, et ceci sans interruption jusqu’à aujourd’hui. Il appartient depuis environ quatre-vingt-dix ans à la famille Inchaurraga qui en a fait une boulangerie-pâtisserie. Cette dernière est réputée notamment pour son gâteau basque et sa miche (gâteau à base de farine de maïs et d’anis).
Le territoire : situé à Bidart, au Pays-Basque, dans les Pyrénées-Atlantiques (64210).
L’habitante qui vous en parle : Agnès Amorena, responsable du moulin depuis 26 ans.
L’histoire d’Agnès
« Tout me plaît. J’aime l’eau, la pierre, le bois. L’histoire du moulin. J’admire cette machine très ancienne qui fonctionne toujours et j’ai plaisir à l’actionner.
Autrefois, le moulin écrasait les céréales qu’amenaient les agriculteurs. Soit ces derniers repartaient avec du concassé pour les animaux, soit les graines devenaient de la farine destinée aux boulangeries. À l’ouverture d’une minoterie* au Pays-Basque, ces activités ne suffisaient plus pour faire vivre le moulin. La propriétaire de l’époque, Joséphine Inchaurraga, eut alors une idée. Elle cuisinait un gâteau basque qui plaisait ; on le lui demandait pour les repas de famille, les mariages. Elle s’est mise à en vendre à la sortie de la messe. Ensuite, elle a eu un petit magasin sur la place de Bidart et a fait les marchés de Bayonne, Biarritz, Saint-Jean-de-Luz. Et, tandis que ses enfants grandissaient, un boulanger a commencé à travailler au moulin, une de ses filles s’est mise à la caisse. Joséphine a ainsi réussi à faire vivre toute sa famille, c’est-à-dire quatre ménages, grâce au moulin. On lui doit tout à Joséphine.
Aujourd’hui on ne vend plus de farine aux boulangers, on en fabrique simplement pour notre propre utilisation. On cuit tous les produits que l’on fait dans des vieux fours en briques. On écrase du blé de la région et, depuis trois ans, du maïs d’une semence ancienne, le maïs rouge – c’est celui que j’utilise pour mes démonstrations lorsque j’actionne le moulin pour les visiteurs. Ce « grand roux basque » avait été abandonné du fait qu’il n’était pas assez rentable – aujourd’hui six agriculteurs le cultivent.
À l’origine, le moulin de Bassilour était souvent inondé. C’est arrivé que la famille Inchaurraga soit montée sur les toits. Maintenant, avec tout ce qui a été construit dans la zone qui nous entoure, on a des plus petites inondations ; suffisantes cependant pour que les roues du moulin soient dans l’eau et, donc, inutilisables. On en profite pour faire l’entretien des meules.
Afin de continuer à fournir tout le monde en farine lorsque le moulin de Bassilour était inopérant, un deuxième moulin, Gupela, doté quant à lui d’un moteur électrique, a été construit, plus haut. On ne l’utilise plus aujourd’hui.
Je suis du village d’à-côté, Arcangues. Après quelques années passées à Mont-de-Marsan, je suis rentrée chez-moi pour m’occuper de ma famille. Incroyable, on cherchait du monde pour travailler au moulin ! Pour moi, le moulin de Bassilour restait un souvenir d’enfance.
J’y venais avec mes parents, petite, acheter le gâteau basque et la miche. À la maison, ma mère passait le gâteau au maïs au four – je sens encore l’odeur qui s’échappait lorsque je le tranchais. Quand on est petit, on voit tout encore plus grand. Quand je montais les trois marches de l’escalier du moulin, j’avais l’impression de rentrer dans un endroit immense ! Il y avait beaucoup de bruit, beaucoup de farine, parce que les deux moulins tournaient en même temps, toute la journée, et toute la nuit aussi. »
*Minoterie : Établissement industriel transformant les céréales en farine. |

– Agnès (à côté du canal d’amenée)
L‘entretien du moulin selon Agnès
Les meules
Pour l’usage qu’on fait du moulin, il faut piquer les meules à peu près une fois par an et changer une pièce en bronze de la roue – on se règle sur une inondation. En effet, lorsque l’eau rentre entre les meules, la farine s’y trouvant fermente si on ne les démonte pas de suite. Lors d’une inondation donc, on enlève tout l’habillage en bois, on sépare les deux meules (la fixe et la tournante), on les nettoie au karcher, puis on les laisse sécher et, enfin, on les pique. C’est un monsieur qui vit dans un moulin à Pontonx-sur-l’Adour, M. Dourthe, qui a appris au patron à entretenir les meules.
Les canaux
Le deuxième point important est l’entretien du canal d’amenée et du canal de fuite (au total, 5 km). Ils doivent toujours être propres pour que l’eau s’évacue bien, notamment en cas d’orage. Il faut régulièrement boucher les trous que font les ragondins, retirer les feuilles et les mottes de terre qui s’écroulent – car s’il y a des fuites, il n’y a pas assez d’eau en période chaude.
Explorer à son tour
Le moulin étant une boulangerie-pâtisserie, vous pouvez y retrouver Agnès toute l’année ! Elle vous fera découvrir avec plaisir ce beau patrimoine.
En savoir plus
Court interview du propriétaire, descendant de la famille Inchaurraga, Gérard Lhuillier :
Apporter sa pierre à l’édifice
Pour soutenir la conservation des moulins de France, vous pouvez faire un don à la Fédération Française des Associations de sauvegarde des Moulins :
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